L’HISTOIRE DU CHAMPIONNAT DE MONTRÉAL
SURVOL
Selon les archives disponibles, le premier Championnat officiel de Montréal remonterait à l’année 1923. Deux ans auparavant il y avait bien eu une tentative, mais elle n’avait rassemblé que six concurrents. « L’absence de forts joueurs est regrettable », écrivit Lorenzo Prince dans sa chronique d’échecs de La Presse. Le tournoi fut discrètement arrêté après la deuxième ronde. En 1923, donc, pour la toute première fois douze joueurs de disputèrent le titre dans un tournoi à la ronde. H. Rombach (9½-1½) en sortit vainqueur.
Pendant la première moitié du XXème siècle les championnats ont adopté la formule rotation, à raison d’une partie par semaine. Les concurrents étaient regroupés par sections et affrontaient strictement tous les adversaires de leur section. Les champions de l’époque devaient ferrailler pendant une bonne dizaine de parties et même davantage sur plusieurs mois avant de pouvoir réclamer le titre. Avec la montée en popularité des tournois suisses, les championnats de l’ère moderne en sont graduellement venu à se décider sur cinq ou six parties seulement, le temps d’une fin de semaine.
Il n’est pas toujours clair s’il s’agissait d’un Championnat ouvert ou sur invitation seulement. Certaines années, l’une et l’autre formule ont eu lieu à quelques mois d’intervalle. Même si certains tournois se sont annoncés « ouverts à tous », chaque joueur était en fait dirigé obligatoirement dans la section de jeu compatible avec son calibre. En 1950 par exemple, le Club d’échecs de Montréal organisa un grand tournoi, vraiment ouvert à tous celui-là, qui avait pour but de qualifier les trois premiers à la section forte du Championnat de la ville.
Formule suisse ou rotation, tournoi ouvert ou invitation, rares furent les championnats qui ne comportèrent qu’une seule section de jeu. Les archives de monsieur
En 1938 un club féminin, « le Cercle Fémina », vit le jour. Avec ses tournois de championnat interne à chaque année, il fut suffisamment dynamique pour qu’on songe à instaurer un tournoi distinct de Championnat féminin pour Montréal à partir de 1949. Ils eurent lieu de 1949 à 1952, puis l’activité cessa d’exister. Mais en 2009 on fit revivre la tradition en couronnant, lors d’un même tournoi, le nouveau Champion (
L’année 1954 présente un cas d’espèce. Tout d’abord, on sait qu’un premier tournoi fut lancé au mois de février avec 22 joueurs ; cependant on n’a retrouvé aucun tableau de classement final. Puis, un autre tournoi de championnat commença au mois de novembre de la même année, assorti du règlement suivant : tous les résidents de l’île de Montréal étaient admissibles sous réserve d’approbation par un Comité de sélection. S’agissait-il de présenter une preuve de résidence ? Y avait-il d’autres critères ? Mystère. Au moins, on connaît le gagnant de celui-là... mais pas le nombre de participants.
LE RECORD
Le plus titré des champions de Montréal est le grand-maître Montréalais Kevin Spraggett qui est maintenant installé au Portugal. Il l’a remporté huit fois, seul ou avec d’autres : 1973 à 1976 inclusivement, 1979 (deux fois la même année), 1982 et 1986.
Ses plus proches poursuivants, avec six titres, sont Laszlo Witt (1959, 1961, 1962, 1965, 1966, 1979) et
Suivent trois autres avec cinq titres : Boris Blumin, Maurice Fox et Klaus Pohl. De ces poursuivants, seul
BRIS D’ÉGALITÉ
Dommage qu’on ne puisse identifier LE champion à chaque année. La pratique de mettre les prix en argent en commun en cas d’égalité laisse parfois dans l’ombre la question de savoir qui a été le plus méritant parmi les meneurs. En 1933 et 1960 on procéda à un match pour départager les ex-aequo. Ce sont les seuls cas de bris d’égalité clairement documentés dans l’histoire de ce championnat.
En ce qui concerne le
Duel
Si l’égalité implique deux joueurs seulement, que ces deux joueurs ont joué l’un contre l’autre durant le tournoi et que le résultat ne fut pas nul, le gagnant de cette partie sera sacré Champion.
Score cumulatif
C’est la somme des scores progressifs du joueur, ronde par ronde. Plus on gagne tôt dans le tournoi, plus on rencontre une forte opposition et par conséquent plus le rang final est méritoire. Deux joueurs qui finissent à égalité 4-1, l’un ayant perdu en première ronde et l’autre en cinquième ronde marqueront, dans le premier cas, 0+1+2+3+4 = 10 points de bris et dans le second cas 1+2+3+4+4 = 14. Le plus haut score remporte alors le titre.
Solkoff
C’est la somme des scores finaux des adversaires rencontrés. Pour chaque partie non jouée par un adversaire rencontré, quelle qu’en soit la raison (repos, forfait, abandon du tournoi), cet adversaire est réputé avoir fait nulle contre lui-même. La plus grande somme identifie le gagnant du titre.
Le plus de Noirs
Le joueur ayant eu les Noirs le plus grand nombre de fois est proclamé Champion.
CURIOSITÉS
De 1949 jusqu’aux années 70 avec quelques interruptions, Montréal a organisé des tournois de blitz très officiels pour couronner le meilleur blitzeur en ville. Les premières compétitions se jouaient au son du gong à toutes les 10 secondes. En 1956, 1957 et 1965 on organisa des Championnats élimination – dès qu’un joueur perdait sa partie (ou son match), il était définitivement éliminé du reste du tournoi.
Les gagnants de ces compétitions ne sont pas répertoriés au tableau ci-dessous.
TABLEAU DES CHAMPIONS
Voici la meilleure reconstitution que nous avons pu faire des hauts faits d’arme des champions passés de Montréal. Chapeau à tous et à toutes !
Année Year |
Champion |
Participants |
1923 |
H. Rombach (9½-1½) |
12 |
1924 |
Dudley D. LeDain (7½-1½) |
10 |
1925 |
Léopold Blanchard |
21 |
1926 |
Alexis Cartier (8-3) trophée La Presse |
46 |
1927 |
B. W. Moncur |
? |
1928 |
Maurice Fox (9-1) |
plus de 11 |
1929 |
Maurice Fox (5½-½) |
15 |
1930 |
M. Dardel (9-1) |
30 |
1931 |
----- aucun renseignement disponible ----- |
|
1932 |
Louis Richard (12½-1½) |
plus de 15 |
1933 |
Boris Blumin (12-2, après match éliminatoire) |
41 |
1934 |
Boris Blumin (12½-1½) |
16 |
1935 |
Maurice Fox (15-0) |
47 |
1936 |
Boris Blumin (13-1) |
15 |
1937 |
Boris Blumin (13-1) |
plus de 16 |
1938 |
A. Weiner (6½-1½) |
11 |
1939 |
Boris Blumin (7½-1½) |
plus de 12 |
1940 |
Joseph Rauch |
? |
1941 |
Joseph Rauch (4½-½) |
10 |
1942 |
Joseph Rauch trophée la Patrie |
10 |
1943 |
Charles Smith (7-2) |
? |
1944-6 |
----- Aucun tournoi ----- |
|
1947 |
J. Rauch, W. Tannenbaum |
36 |
1948 |
Maurice Fox (14-2) |
65 |
1949 |
Maurice Fox (12-2) / Firma Bone (4-1) championne féminine |
65 / 5 |
1950 |
Lionel Joyner, Ignas Zalys / F. Bone (6-1) champ. féminine |
16 / 8 |
1951 |
M. Cohen (12½-1½) / Firma Bone (4-0) championne féminine |
15 / 5 |
1952 |
N. Williams (11½-1½) / Doris Robertson (4-0) champ. féminine |
46 / 5 |
1953 |
N. Williams (12-4) |
19 |
1954 |
Heinz Matthai (8½-1½) ; L. Joyner (« Ouvert », 7½-1½) |
22 ; - |
1955 |
H. Matthai (12-3) ; J. Engel, Dudley D. LeDain (« Ouvert »,7-1) |
15 ; 28 |
1956 |
Lionel Joyner (17-0) |
18 |
1957 |
Lionel Joyner (18½-½) |
20 |
1958 |
Allan Reither (10-2) |
80 |
1959 |
Lionel Joyner (9½-1½) ; Laszlo Witt (« Ouvert », 10½-3½) |
104 |
1960 |
Ron Hirsh ; Ireneus Suchorski (« Ouvert ») |
22 ; 68 |
1961 |
Ignas Zalys (6½-1½) ; Laszlo Witt (« Ouvert », 10½-1½) |
40 ; 9 |
1962 |
Emil Schlosser, Laszlo Witt (9-2) |
54 |
1963 |
Heinz Matthai (9-1) |
48 |
1964 |
Gerry Rubin (9-2) |
44 |
1965 |
Laszlo Witt (9½-1½) |
62 |
1966 |
Laszlo Witt (10-0) ; Adrian Michaely (« Ouvert »,7-1) |
58 ; 67 |
1967 |
J. Fontaine (7-1) ; Klaus Pohl, Gerry Rubin (« Ouvert »,7-1) |
25+ ; 46 |
1968 |
Klaus Pohl (7-1) ; Klaus Pohl (« Ouvert », 5½-1½) |
59 ; 16+ |
1969 |
Klaus Pohl (6-2) ; Klaus Pohl (« Ouvert », 7½-½) |
57 ; 29 |
1970 |
Jack Gersho, Gilles Brodeur (6-2) |
23 |
1971 |
Adrian Michaely |
58 |
1972 |
Edward Formanek |
222 |
1973 |
Kevin Spraggett, Leo Williams (6-0) |
270 |
1974 |
Kevin Spraggett (5½-½) |
198 |
1975 |
Delva-Kafadarow-Grant & K Spraggett-Vardi, Wihl, Williams (5-1) |
310 |
1976 |
Kevin Spraggett (5½-½) |
255 |
1977 |
Bill Goichberg (5½-½) |
292 |
1978 |
Camille Coudari (5½-½) |
273 |
1979 |
K. Spraggett, L. Witt (5½-2½) ; K. Spraggett (« Ouvert », 5½-½) |
16 ; 258 |
1980 |
George Levtchouk, Jean-Jacques Rousseau |
265 |
1981 |
|
137 |
1982 |
J. Hébert, K. Spraggett, J-J Rousseau, R. Billyard |
204 |
1983 |
Anthony Ibrahim |
121 |
1984 |
|
158 |
1985 |
Kiril Georgiev |
175 |
1986 |
Kevin Spraggett |
142 |
1987 |
Igor Ivanov |
129 |
1988 |
Sylvain Barbeau, |
162 |
1989 |
|
189 |
1990 |
Barbeau, M. Cazelais, T.N. Duong, A. Gaudreau, Hébert, Léveillé |
166 |
1991 |
Sylvain Barbeau, Jeff Reeve |
175 |
1992 |
Alexandre Lesiège |
199 |
1993 |
Jeff Reeve, Jose Abreu Cordero |
219 |
1994 |
Alexandre Lesiège, G. Levtchouk |
192 |
1995 |
Alexandre Lesiège, Oleg Linskiy |
177 |
1996 |
Oleg Linskiy, Robin Girard |
110 |
1997 |
S. Fillion, M. Gagnon, Girard, M. Khassanov,Lesiège, N. Rashev |
164 |
1998 |
Martial Larochelle |
179 |
1999 |
Jeff Reeve |
186 |
2000 |
Oleg Linskiy, Goran Mikanovic |
152 |
2001 |
Lefong Hua, Oleg Linskiy |
132 |
2002 |
Michel Gagnon, Igor Ivanov, Michael Schleifer |
137 |
2003 |
|
125 |
2004-7 |
----- aucun tournoi ----- |
|
2008 |
S. Barbeau, R. Chabot, M. Larochelle, H. Massé, A. Rainfray |
126 |
2009 |
|
191 |
2010 |
? |
|